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Il fallait que je vous dise...
1 octobre 2013

En dehors de Ten'shi mon roman j'écris...Bis

Voilà une petite nouvelle que j'ai écrite d'un trait, y'a encore pas mal de fautes, désolée pour la qualité, mais c'est la première fois que je réussis à écrire un texte court de moi-même (pas une figure imposée par un concours) et la toute première également où je rédige un texte à la première personne.

Cette histoire comporte deux personnages et très peu de dialogue (quasiment pas pour ainsi dire) et il y a la vision des deux personnages. L'un est écrit en bleu l'autre en noir, les deux pensent en plus petit.

 

Voilà merci de me dire ce que vous en pensez. (J'ai dû mettre des couleurs car le gras et le non-italique ne sont pas pris en compte par l'édition sur mon blog vu que celle -ci y est au complet en italique et en gras, sans ça, on ne voyait pas la fifférence entre les persos  -_-!)


Qui n'a  jamais vécu ça ? Croiser une personne dans un transport en commun, être sous le charme durant un court laps de temps. Ne rien oser puis le regretter.

Et l'autre ? Nous avait-il remarqués ? Est-ce vraiment un "raté" ? Voici l'histoire d'un acte manqué ? Ou pas, à vous de voir :) 

*************************

Titre : Les voyages en train.

Je déteste les voyages en train et à plus forte raison lorsque je suis seul.

Je n'aime pas les gens, on m'accuse bien souvent d'être un asocial, je n'me défends pas, c'est sans doute vrai.

Mais ai-je vraiment tort ? Regardez ! Rien que ce matin, pour fendre l'air en plein milieu de la gare de Lyon avec sa valise,  il faut être magicien !

La foule m'horripile et pas seulement leurs têtes de cons ou d'enterrement. Je sais, je fais probablement la même et alors ? Je n'ai jamais dit que je me supportais de toute façon. 

Mais c'est aussi cette invariable attitude qui les pousse tous à s'agglutiner de telle sorte qu’ils forment d'inutiles mais très gênants groupuscules, prêts à intervenir pour le plaisir de vous priver de votre passage.

Et puis, il n'est que huit heures vingt du matin quand j'emprunte l'escalator, pourtant, pas besoin d'attendre deux minutes pour croiser ou frôler un type qui vous envoie ses relents de vinasse, ou une nana qui pue la transpiration et qui se colle à vous telle une mouche. Et vas-y que les mômes viennent là, jusqu'à squatter ta valise ou te tourner autour à peine tu t'arrêtes devant le panneau d'affichage !

Je suis en retard sur mon planning, pas de grand-chose mais suffisamment pour que,  lorsque j'arrive enfin dans mon wagon,  une bonne femme soit déjà assise. Je sais, on va me dire que si j'aime pas enjamber les gens ou simplement devoir leur adresser la parole pour qu'ils bougent bien gentiment leurs gros culs afin que je puisse m'assoir à ma place, je ferais mieux de choisir une assise côté couloir. Soit, seulement cette solution reviendrait à ce que ce soit à moi de me lever si madame à besoin d'aller au petit coin. Moi, j'aime être à côté de la fenêtre. Parce qu'en plus j'ai le mal de train. Je n’peux donc pas lire, du coup autant admirer le paysage. Pas que les têtes des voyageurs soient inintéressantes mais... si en fait elles le sont.

- Ha... Oui c'est votre place évidement ! me lance-t-elle.

Oui connasse, c'est ma place ! Et oui, tu vas devoir bouger tout ton sale barda y compris ce que tu avais mis sur le siège d'à côté ! Tu croyais quoi ? Qu'en achetant ton billet, tu louais tout le wagon ? Pourquoi je lui souris moi ? Toujours à faire bonne figure, ça m'énerve d'être moi-même ! Parfois j'aimerais oser leur dire merde !

Bon et maintenant faut pas se tromper !  Bien tout ranger dans l'ordre afin de me rhabiller rapidement à la fin du trajet. Ouf ! J'ai pensé à passer aux toilettes avant. Nous voilà partis pour trois heures à se faire chier et à attraper un torticolis à force de mater le panorama, pas besoin de me dandiner avec une envie de pisser en plus.

*

 J'adore les voyages en train, le roulis me berce et je trouve ça tellement plus humain que l'avion. On fait parfois des rencontres surprenantes et au moins, on a le temps de lier connaissance. Je suis un peu timide, je n'engage que rarement la conversation mais je réponds toujours agréablement. Ce que j'aime surtout c'est observer les gens, les imaginer dans leur vie quotidienne, ou bien m'interroger sur leurs pensées profondes. Des trucs de môme : me demander comment ils seront physiquement dans dix ou vingt ans, comment ils étaient, enfants.

C'est peut-être parce que je suis dessinateur, je croque leur portrait dans ma tête à défaut de pouvoir le faire avec un crayon. Bien que ça m'arrive aussi, mais je vous l'ai déjà dit, non ? Je suis timide, pas facile alors d’oser faire ça en public.

C'est vrai que je pourrais passer des heures à regarder un quidam occuper à lire son journal ou bien détailler une vieille dame entrain de tricoter.

Et puis il y a le personnel de service aussi. J'ai pu entrer dans la cabine de pilotage d'un TGV une fois : très instructif ! Je suis curieux de nature, je parle à presque tout le monde… si on m'adresse la parole bien sûr, seul je n'ose pas. Je suis assez bavard, une fois que la machine est en route. Tenez, cette femme de ménage d'origine africaine avec qui je n'ai pourtant à priori rien en commun, elle me reconnaît, je lui fais un petit signe. Un jour, elle m'a raconté sa vie et croyez-moi, si j'avais été écrivain, j'aurais eu de quoi faire un roman fleuve. La plupart des gens ont quelque chose à dire.

J'apprécie l'ambiance des grandes gares, il y a une sorte d’excitation dans l'air, quasi palpable. Et puis j'imagine ce qu'elle a pu être à sa construction. Tenez par exemple : la gare de Lyon, à quoi ressemblaient les premiers trains ? Les premiers voyageurs ? Je me balade le nez en l'air, des questions plein la tête.

Parfois, comme ce matin, je joue à retrouver une fragrance. J'adore les senteurs qui laissent des souvenirs olfactifs ! Je ferme les yeux et j’essaie de reconnaitre tel ou tel parfum. Est-ce une femme qui passe à mon côté, est-ce un homme ? Quel âge a-t-il ? Bon là bien sûr, il est huit heure trente et je stagne au niveau du vendeur de viennoiserie donc en dehors de l'odeur des pains au chocolat, je ne capte plus grand-chose.

Je suis un peu en retard, mais ce n'est pas très grave, je connais l'endroit par cœur, je fais ce trajet presque toutes les semaines. Mon sac sur le dos, je zigzague entre les gens. Tiens, j'évite à un gamin de tomber de justesse, il est mignon, il me rappelle moi. On se sourit et je repars.

Merde, ça siffle, je cours ! Je vais louper le départ, je suis con ! Voilà ce que c'est de rêvasser !

Ouf !Me voilà dans le bon wagon, de justesse, merci madame la chance.  J'ai sauté pile quand il fallait, les portes se sont refermées derrière moi, j'ai eu chaud, quelques minutes de plus et c'était cuit !

Je vérifie deux fois la voiture. Je suis tellement tête en l'air qu’il n’est pas rare que je me trompe, mais là c'est bon.

*

Ça n’lui suffisait pas de sentir la naphtaline voilà qu'elle me sort un sandwich à la rosette « made in kiosque de gare »... Ha ! Je vous l'dis, le voyage va être gratiné, je l'sens ! Au sens propre comme au figuré ! Ne riez pas, ça n'a vraiment rien de drôle.

Derrière moi un gamin file des coups de pieds dans son sièges… en l’occurrence, c'est aussi le mien. En plus du torticolis, pourquoi pas un mal de dos pendant qu'on y est ? Avec un peu de chance, je pourrais faire passer ça en accident du travail. On a à peine démarré que j'en ai déjà marre.

Ha, quoi encore ? Super, un type réclame la place, mais c'est bien mon billet mon gars, tu as beau être assez mignon je...  Ha ? Nan c'est pas à moi qu'il en veut, c'est à elle. La conne s'est gourée de fauteuil. Pourquoi il me regarde avec ses yeux de merlan fris alors ?

Vas y dégage vieille peau, pour une fois qu'un mec mignon, propre sur lui et souriant s'installe à côté de moi. On va lui pardonner son regard, d'ailleurs, finalement, il a de beaux yeux celui-là. Bwarf,  hétéro ? Avec ma chance...

*

- Oui j'ai bien vu madame, c'est bien votre numéro mais je suis désolé, nous sommes voiture douze et vous devriez être assise voiture quatorze.

Je suis un peu têtu et pas très urbain ce matin moi. Parce que oui, bien sûr, j'aurais pu aller m'assoir à sa place à elle. Ça aurait évité le dérangement de la miss mais là, le mec à côté est tellement beau que je suis resté planté en admiration. D'ailleurs je l'ai tant dévisagé qu'il a cru que je m'adressais à lui. J'espère ne pas avoir rougi comme le grand imbécile que je suis. Et puis elle insistait tellement pour avoir raison et moi, bah oui j’ai mes défauts, je n'aime pas avoir tort.

*

Je n’suis pas un gars bavard, d'ailleurs je n’pense pas avoir une bonne répartie et comme les gens ne m'intéressent pas, je n'ai la plupart du temps rien à leur dire.

Ce matin, je le regrette, j'aurais bien aimé avoir un sujet  tout prêt. Je devrais me faire des fiches dans ces cas-là. Parce qu’il faut l'avouer, il est impressionnant ce type. Sportif visiblement, au moins une tête de plus que moi, pourtant je n’suis pas petit. Bon ok j'avoue, je n’dépasse pas un mètre soixante quinze, y'a pire hein ?

Je matte ses fesses quand il se retourne pour aider l'autre chieuse à décoincer son sac pris dans le siège. Je regarde sous son sweet-shirt et surprends son nombril orné d'une touffe de poil quand il lève ses bras afin d'enfourner son sac à dos sur le porte-bagage. J'observe sa nuque brune alors qu'il se baisse pour sortir son ordi portable. Je me rince l’œil quoi !

Si seulement j'avais continué cette histoire de coach de séduction, j'aurais certainement su quoi dire pour engager la conversation. Là, je me sens si nul que je n’me vois pas tenter de le draguer.

Pourtant à présent, mon radar me dit que c'est bon. Nan, le radar à gay n'est pas un mythe, en tout cas moi je l'ai ! Même si dans l'état actuel des choses, il ne me sert pas à grand chose. Je n’suis pas doué, j'y peux rien.

*

D'habitude je suis plutôt  volubile ; même si j'entame rarement la discussion, je pense être de bonne compagnie et j'ai toujours un avis sur tout, mais là je bloque.

Le gars me subjugue, un truc de malade. On dirait carrément une gravure de mode. Le genre beauté froide un peu animale, mi hautaine mi sauvage. J’adore mais ça me fout un peu les boules.

Je me sens tellement basique à côté, j'aurais dû soigner ma tenue. Je le savais qu'aujourd'hui serait un jour spécial, j'ai fait un rêve de mariage, et ça, ce n’est jamais anodin. Et ne me dite pas que je suis un illuminé. Moi je crois au destin, c'est tout.

J'ai pourtant hésité, mais pourquoi je n'ai pas choisi le costard que Maïa m'a offert ? Me voilà avec mon air ahuri en jean-basket, les cheveux en bataille et un pull trop court. Je ne suis même pas rasé ! De quoi j'ai l'air ? Je sens son regard sur moi, ça me mets un peu plus mal à l'aise.

C'est décidé, je vais m'occuper l'esprit, un petit film sur l'ordi et voilà le tour est joué. Peut-être qu'il s'intéressera et posera des questions ? Sans quoi, j'ai bien peur que le voyage ne soit un peu long.

*

Il m'amuse. Je n’saurais pas dire pourquoi mais j'ai envie de sourire. Il est là, il tourne en rond sur son siège. J'ignore ce qu'il cherche mais il ressemble à un petit garçon perdu.

Arf ! Il est vraiment tout à fait mon genre, un mec simple avec des yeux clairs plein de sincérité, sans chichi. Sa petite barbe de trois jours lui donne un côté fortement virile. Il est appétissant, c'est le moins que je puisse dire.

Je n'ose pas lui demander mais je crois que c'est bien son câble d’alimentation qui est tombé à terre.

*

Voilà autre chose, mes oreilles me chauffent, si ce mec n'arrête pas de me dévisager, je vais m'évanouir. Ah si carrément ! Je n'arrive plus à réfléchir, c'est la panique dans ma tête.

Mais où est donc  mon cordon de batterie ? Ha zut ! A ses pieds, évidemment ! Alors là j'ai deux choix et pas l'un mieux que l'autre : premièrement je lui demande - putain faut que je lui parle ? J'ai la voix qui va chevroter et j'aurais l'air encore plus ridicule qu'à présent, impossible ! - deuxièmement, je ne dis rien et je me penche. Et là, misère mais je vais avoir ma tête sur ses genoux !

Pourquoi fallait-il que je pense à ça ? Ma tête entre ses jambes....Maintenant je bande.

*

Bon j'ose !

- Excusez-moi c'est à vous ?

Han ! Ses doigts ont tous juste frôlé les miens, ça m'a carrément électrisé. C'est sûrement à cause du train, ou bien le froid, le gel ça provoque toujours de l’électricité statique. Ça m'a surpris, du coup j'ai vite retiré ma main. J'espère qu'il ne s'est pas fait d'idée sur ma réaction.

Bon je vais regarder dehors, ça vaut mieux, on ne sait jamais. Vu comment je le reluque depuis tout à l'heure, il pourrait bien se mettre à imaginer des trucs. Je n'ai pas trop envie qu'il se rende compte de l’effet qu’il me fait. J'aurais l'air de quoi ?

*

Wahou c'était quoi ça ? Un coup de foudre ? Je sais, je suis une andouille de romantique à deux balles. Ça va, laissez-moi au moins mon imagination. Franchement on pourrait y croire. Bon c'est clair, son mouvement de dégoût était moins sympathique. Il a peut-être cru que j'avais fait exprès de le toucher, voir même d'avoir laisser, délibérément, tomber ce truc par terre.

Il a l'air vexé, ça fait cinq minutes qu'il n'a plus tourné la tête. Moi qui espérais de sa part quelques questions.

Mon film a commencé mais je n'arrive pas à suivre ; pour être même carrément honnête je n'y pige absolument rien. Ça ne vous est jamais arrivé de tenter de lire un bouquin et de ne même pas réussir à passer la première page ? Mais si, vous savez quand on lit et relit la même phrase et qu’arrivé au bout de celle-ci, on ne se souvient plus du début ? Et bien là, pareil !

Et lui, il a fermé les yeux ; s'est-il endormi ? Son visage est plus doux les yeux fermés mais pas moins beau. Il a les pommettes saillantes, une peau lumineuse et une bouche un peu boudeuse, fine mais bien ourlée. Il ressemble à ce gars en costar là qui a fait la pub pour le parfum « The beat » de chez Burberry. En un peu plus petit et plus fin.

J'ai envie de le dessiner. Ok, je n'ai pas envie que de ça. Ça va, je suis célibataire depuis longtemps et il est quand même assez rare de tomber sur une telle gravure de mode, j'ai le droit de rêver quoi !

*

Le tunnel était trop long pour continuer de faire semblant d’être intéressé par le paysage. Puisque de verdure, dans ce noir, il n'y a pas, je n’avais pas trente six mille choix. C'était ça ou me barrer aux toilettes, le faire lever, lui parler etc...  Ha ça nan, inconcevable. Oser lui poser une question, c'est une chose, bafouiller trois phrases en bégayant, c'en est une autre.

Mais je suis bien, là, caché sous mes paupières. Je me calme doucement. Je vais me donner le temps de réfléchir.

J'écoute d'une oreille distraite ses mouvements. Il a mis les oreillettes, il regarde un film. Quel âge peut-il bien avoir, vingt cinq ans ? Moins de trente en tout cas j'en suis certain. Peut-être vingt huit, comme moi.

*

Oh putain non ! Pourquoi a-t-il rouvert les yeux pile au moment où je le dévorais des miens ? J'ai une horrible montée de sueur là. Allez, je fais une pause et je file rapidos me calmer aux chiottes.

Zut, mais qu'est-ce que je suis bête, voilà que je me lève sans enlever mes écouteurs. Je crois qu'il y en a un qui lui a rebondi sur la tête ! Je suis un idiot qui s'affole pour un rien.

*

Il me matait là non, j'ai pas rêvé ? Et qu'est-ce qui lui prend ? Il a vu le diable ou quoi ? C'est bon, je n'ai pas l’air aimable, ça je sais mais ce n'est pas une raison pour filer aussi vite. En plus il m’a à moitié éborgné ce con avec ses oreillettes.

C'est quoi le truc qu'il regarde ? Ho sympa, il est cultivé le garçon.

Il en met du temps, qu'est-ce qu'il fout ?

Tien, chouette aussi son écran de veille, jolies peintures. J’ai toujours apprécié l'art. Je n’suis jamais sorti avec quelqu'un qui soit suffisamment séduit par ça pour pouvoir partager mes visites d'expo. Dommage,  déjà que je n'ai pas eu beaucoup de relations sérieuses, et même de relations tout court d'ailleurs. Voilà encore bien un truc que je ne ferais jamais avec personne, visiter un musée ou une galerie.

Ha, le dessin change ! C'est vraiment magnifique, ce mec a du goût. C'est quoi la signature de l'artiste ? Je me penche, je lis Thomas Matis. Ha bah un nom prédestiné tiens ! Après, ça n’ressemble pas du tout à Matisse, l’homonyme, mais c'est vraiment très intéressant. Je n’connais pas ce peintre, peut-être un sombre inconnu. Ou pas, après tout je n’connais pas tout non plus.

*

De quoi je vais avoir l'air maintenant ? Je ne comprends rien, je n’ai jamais ressenti ça avant. Je ne suis pas particulièrement coincé et même ma timidité est en général assez légère.

C'est vrai que je ne suis pas non plus un tombeur, sans doute un peu trop dans la lune pour plaire, ça ne fait pas très sérieux on va dire. M'enfin généralement je me débrouille assez bien pour donner la réplique. Si seulement conversation il y avait... ça briserait la glace. Je suis certain que je ne m’en comporterais que mieux.

Ça fait presque dix minutes que je suis enfermé dans les toilettes, il va bien falloir que je retourne à ma place.

Évidement, il n'y a plus de papier ! Je ne peux pas essuyer mes mains, je goutte par terre, j'ai l'air fin. Si je les frotte sur mon jean ça va se voir, pas envie de passer pour un crados non plus. Je crois qu'il me reste des mouchoirs en papier dans mon sac. Oui, mais mon sac est au dessus de sa tête.

Ha, tiens, j'avais oublié la technique des mains dans les poches, ce n’est pas tip top mais ça suffira.

Super, le contrôleur est là ! Ce sauveur se trouve exactement à la hauteur de nos deux sièges. Mon ravissant compagnon de voyage lui tend son billet alors que j'arrive. Détournement de situation optimum ! J'ai une chance de fou !

Tien mon Mac est éteint...  Ho non ! Ne me dites pas que je n’ai plus de batterie ?  La poisse, j'ai oublié de le recharger. En même temps, j'imaginais pouvoir le brancher pendant le trajet. Oui mais la prise est de son côté alors bien sûr...

Que je suis ridicule n'est-ce pas ? Il ne va pas me bouffer si ? Hum, il a le regard bleu acier à vous glacer le sang, c'est magnifique seulement ça ne m'incitera pas à tester.

*

Pourquoi lui ai-je tiré cette tronche là ? J'ai vu mon reflet dans les lunettes de l'agent SNCF et sérieusement, je m'aurais en face de moi, je me pétrifierais sur place. Je suis con ou quoi ? Allez, on tente un petit sourire, je n'suis pas très doué, je fais ce que je peux.

*

Pourquoi il se marre maintenant ? J'ai un truc sur le nez ? Ma braguette est bien remontée au moins ? Qu'est ce qu'il veut ?

- heu oui ?

*

- Non rien...votre, votre PC est éteints.

Ouf, j'ai trouvé une parade. Quand il m'a demandé ce que je voulais, j'ai cru que j'allais dire une connerie. C'est en général la seule chose que je suis capable de faire lorsque je suis pris au dépourvu. Mais pas là, je suis fier de moi. Bon y'a pas vraiment de quoi, j'ai sorti quoi, deux demi-phrases ?

Je lui propose de brancher son engin et il arrête de m'examiner comme le fou que je dois sembler être. Je le sais que j'ai un sourire de pervers, je me demande pourquoi j'essaye encore.

*

Sympa, il a deviné. Il est cool en fait. Et son sourire mon dieu, il est encore plus mignon avec. Je me demande s'il est gay. En tout cas, il n'a pas d'alliance, déjà un bon point.  Il n'est pas marié. Mais à quoi je pense moi ? J'arrive même pas à aligner trois mots et voilà que je m’imagine capable de le draguer ?

*

J'ai envie de pisser, c'est pas normal, j'ai pourtant pris mes précautions avant. Ça doit être l'émotion. Je fais quoi maintenant ? Je sais que je peux me retenir un peu. Quand même, je suis plus un môme. Il reste une bonne heure de trajet. Une heure c'est long.

J'n'aurais pas pu m'en rendre compte avant qu'il se rassoit ? Là, si je lui demande de bouger, il va devoir débrancher son engin, le poser je n’sais où pour pouvoir soulever la tablette et se relever également. Plus casse-couille que moi tu meurs !

*

Il n'arrête pas de gesticuler depuis vingt bonnes minutes. Est-ce qu’il se sent mal ? J'ai peut être mis le son un peu fort, avec les écouteurs je ne me rends pas bien compte. Je l'empêche sans doute de dormir. Ce que je peux être emmerdant quand même, pourquoi je n'ai pas plutôt pris un bouquin ?

- Le son vous dérange ? Je suis désolé. Mon casque fonctionne mal je...

*

- Mais non, pas du tout voyons.

C'est quoi ce ton de voix ? Et en plus, je lui coupe la parole, de mieux en mieux ! On dirait que je cherche à vendre un aspirateur. Après le meurtrier et son regard assassin, je teste le pervers et la voix douce heureuse qui n’vous laisse pas le temps de répondre. N'importe quoi moi !

Si ma mère me voyait ! Tant pis, j'en profite pour lui demander de se lever, je n'aurais pas l'air plus désagréable de toute façon.

*

Ho mais qu'est-ce qu'il sent bon cet homme là ! Je ferme un instant les yeux pour le humer. J'évite par la même occasion de croiser son regard ainsi que toute autre partie de lui qui pourrait bien me foutre en situation embarrassante. Même les yeux fermés, je n'arrive pas à savoir quel est son parfum.

Ça c'est un truc de grand parfumeur, c'est certain. C'est fin, léger, un peu vert, pas du tout à la mode. Si j'osais, je lui demanderais ce qu'il porte. Non je ne suis pas assez courageux pour ça.

*

Je sens la cocotte ou quoi ? J'ai dû y aller un peu fort sur la bouteille ce matin. A voir la tête de ce pauvre gars, je n’vois pas d’autre explication. L'odeur est si piquante qu'il a même fermé les yeux sur mon passage. J'ai un peu honte. Putain de parfum, j'ai jamais su doser. Comme je l’adore, j'ai toujours tendance à en mettre trop. Je devrais le savoir pourtant, c'est pas la première fois qu'on m'en fait la remarque. Enfin même si là je n’ai pu que le deviner.

Vive les toilettes de la SNCF ! Évidement il n'y a plus de papier, ça m'aurait étonné. Je déteste les voyages en train ! Ha je me répète ? Bah oui, voyez, si on n’prend pas ses précautions, on se retrouve comme un imbécile à secouer ses extrémités tel le chien tout juste sortie du bain. J'ai pas l'air fin. Et bien sûr,  j'ai pas pris de mouchoir. Puis pas question de les essuyer sur mon costard.

 

Vous avez déjà trouvé un dos sexy ? Là moi je suis arrêté au beau milieu d'une allée centrale de TGV en train d'en admirer un.

Il se déshabille. Pas la peine de vous exciter, non, il n'est pas entrain de se foutre à poil devant la plèbe. Il a simplement retiré son sweatshirt ou pull je n’sais pas trop.

Il porte un tee-shirt noir sans manches et vous me croirez si vous voulez mais le galbe des muscles de ses épaules est tout ce qu'il y a de plus affriolant. C'est pas la peine de vous foutre de moi, j'ai bien compris que j’étais ridicule. Qui fantasme devant une épaule ?

*

Je profite qu'il s'est absenté pour retirer cet horrible pull-over trop petit. En plus j'avais chaud. Le problème c'est que maintenant je ne sais pas où le mettre. Pas la peine de réfléchir longtemps, je lève les bras et le jette sur mon sac à dos, il sera très bien là haut.

*

Oh non ! Mon dieu,  ne choisis pas de lever les bras au moment où j’arrive derrière toi ! Son jean est taille basse, je viens d'apprécier à sa juste valeur cet état de fait. Et je peux vous dire qu'il a sans doute la plus belle chute de reins qu'il m'ait été donnée devoir.

*

Bravo, tu viens de lui rentrer dedans, les fesses les premières et pour couronner le tout, tu lui as marché sur les pieds. Vu la couleur que vient de prendre son visage, il doit être furibond. Je me fais tout petit.

- Je suis vraiment désolé, je ne vous avez pas senti.

C'est vraiment moi qui ai dit ça ? Je suis consterné par moi-même.

*

J'espère qu'il n'a rien remarqué, je n’me suis jamais senti aussi honteux de toute ma vie. Je me doute bien qu'on ne peut pas contrôler ce genre de chose mais là...

Impossible de faire demi-tour, il va falloir que je cache mon trouble comme je peux. J'ai envie de chialer.

Ça va jeune homme, le calvaire de votre voyage avec moi est bientôt terminé, déjà on annonce Lyon-Perrache dans quelques minutes. Le dépravé se casse bientôt.

*

Lyon, là il faut que je me décide à faire quelque chose, il ne me reste sans doute plus des masses de temps, je descends à Grenoble. C'est l'arrêt suivant. La quasi-totalité du wagon descend à Grenoble. Il n'y a jamais beaucoup de monde qui quitte le train à Lyon.

Il va falloir que je trouve un moyen d'entamer un semblant de discussion d’ici là. Je veux le numéro de téléphone de ce type ! Ce mec est trop beau pour que je ne tente rien. Après je vais m'en vouloir pendant des semaines. Je n’aime pas avoir des regrets. Ok, c'est plus facile à dire qu'à faire.

Je rumine.

*

J'ai besoin de récupérer mes affaires et de me préparer mais mon érection est encore trop voyante et ma valise est sous le sac qui se trouve sous son sweet.

*

- Ça va votre pied ? Je ne vous ai pas fait mal ?

Voilà j'ai trouvé un truc à dire !

*

Sa voix m'hypnotise, je suis un véritable couillon, je n'arrive même pas à lui répondre. Je me contente d'un signe de tête.

*

Alors là, sérieusement, on serait en boîte de nuit, je lui sauterais dessus ! Qu'il me regarde direct dans les yeux comme ça et voir sa fine bouche entre-ouverte, mamamia ça me donne une de ces folles envies de lui en rouler une.

Probablement que la tentative ne me ferait gagner qu'une grande baffe dans la gueule. Mais clairement, il a de la chance ce beau gosse, qu'on soit dans un train à grande vitesse et pas au Queen.

Pourquoi ne me répond-t-il pas ?

*

J'ai un nœud dans la gorge, il faut que je me lève.

- Je... Je dois récupérer mes affaires, je descends à Lyon.

*

- Ha... Heu oui,bien sûr, je vous débarrasse de tout ça.

Merde !Merde ! Merde ! Il descend à Lyon ! Ce n’est pas possible, c'est mon jour de malchance ou quoi ? C'est ma faute aussi, j'ai eu des heures pour réagir et j'ai rien fait du tout.

Il est probable que ça n'aurait pas abouti mais quand même. Ha ! Putain, j'ai la haine contre moi.

Je le regarde se préparer, je cherche un truc à dire mais je ne trouve toujours rien.

Dit donc, elle est sympa sa valise à roulette, faudrait que je m’en trouve une comme ça, petite, pratique et classe, j'aurais moins l'air d'un ado sur le retour.

*

C'est bizarre, j'ai l'impression qu'il est déçu que je m'en aille. Il fait une petite mine. Ou bien c'est le fait que je l'oblige encore à se lever et à prendre ses affaires. J'aurais sans doute dû tenter quelque chose, c'est vrai c’est tellement rare de tomber sur un type dans son genre.

Pffff ! Je suis le champion des actes manqués de toute façon.

Je lui passe devant en faisant bien attention cette fois de ne pas le toucher, manquerait plus que ça.

*

Il part, j'ai hésité à lui serrer la main mais bon, on n'a pas parlé tant que ça alors...

- Bonne journée à vous !

C'est tout ce que j'ai trouvé à dire. C'est nul.

*

- Merci vous aussi, bonne fin de voyage.

C'était trop long, j'ai dû donner l'impression de m'attarder sans raisons.

J'ai le sentiment d'avoir vraiment raté un truc.

Je le regarde au travers de la vitre en longeant le quai, c’est étrange, il me regarde aussi. Voulait-il me dire autre chose ? Il me suit même pendant les quelques secondes jusqu'à ce que je sois trop loin et moi, comme un con je me dévisse la tête également.

*

Je l'ai regardé remonter le long du train aussi loin que j'ai pu.

Ce n'est qu'après que les portes se soient refermées que j'ai aperçu un magasine là où se trouvait précédemment sa valise. Il a dû tomber de la poche avant, elle était ouverte.

Et il lisait quoi cet homme là ? « Têtu »... Merde, il lisait « Têtu » quoi ! Je suis trop con...

J'ai ressassé pendant le peu de trajet qu'il me restait à faire. J'aurais dû lui demander son numéro de téléphone, j'aurais dû trouver une excuse, j'aurais dû...

Maïa m'attend au bout du quai. Si je lui raconte ça, ma grande sœur va se foutre de moi. Je crois que je vais m'abstenir. En fait c'est naze les voyages en train, si nous avions pris l'avion j'aurais su où il descendait.

- Thomas ! Tu as fait bon voyage ?

*

J'ai passé tout le weekend à ne penser qu'à lui, vous la croyez celle-là ? Comme un idiot, j'ai cherché l'auteur des dessins que ce bel inconnu avait sur son ordi, juste par curiosité, le certain Thomas Matis.

Je suis tombé sur un blog perso, pas de photos à part les œuvres mais il y avait une publicité, l'auteur expose la semaine prochaine à Grenoble. Qui sait, il n'a pas l'air très connu, j'ai une chance pour que le jeune homme du train qui paraissait fan y soit aussi non ? Surtout qu'il allait à Grenoble.  

Bah, ça n’me coûte pas grand-chose d'essayer, au pire j’aurais découvert un nouvel artiste.

Mine de rien, j'en ai eu des émotions durant ce trajet, finalement c’est plutôt sympa les voyages en train.

 

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  • "note aux hommes qui passent, à ceux qui pensent chercher une relation simple et sans prise de tête avec une fille, un conseil, draguez donc un homme..." (ou pas.. en fin de compte pas sur que ce soit plus simple :p)
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